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Entretien avec Stéphane Degout, soliste du concert Poème de l’amour et de la mer.

Comme l’indique le titre, l’œuvre d’Ernest Chausson est avant tout un poème mais elle est également une grande fresque orchestrale. Comment arrivez-vous à combiner exigence prosodique et technique vocale?
Il n’y a aucune difficulté particulière sur le plan vocal, cette œuvre respecte l’académisme de l’époque, qui offre à la fois un grand lyrisme et beaucoup de confort. La ligne vocale, souple et chantante, épouse parfaitement les inflexions du texte avec une grande fluidité. Les interludes, eux, sont d’une grande opulence orchestrale, comme ceux de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, ami et modèle d’Ernest Chausson.

Comment expliquez-vous que cette partition soit plutôt chantée par des voix féminines?
C’est un ténor, Désiré Demest, qui a créé Poème de l’amour et de la mer en 1892 à Bruxelles, avec Ernest Chausson lui-même au piano. Si l’on respecte la grammaire du poème, écrit à la première personne, le narrateur est un homme. Cependant, la version orchestrale, créée la même année à Paris, a été confiée à une soprano : Éléonore Blanc. De là, sans doute, la tradition s’est installée. J’aime chanter cette œuvre mais j’aime également l’entendre avec une voix de femme. Tous les goûts sont dans la nature !

Vous semblez particulièrement affectionner le répertoire de la mélodie française. Pourquoi?
Je suis tombé dans la marmite quand j’étais petit! Dès mon entrée au conservatoire, à l’âge de vingt ans, mon Maître Ruben Lifschitz m’a fait découvrir ce vaste répertoire. Je m’y suis très vite senti à l’aise et c’est avec beaucoup de naturel que j’ai continué à me familiariser avec cet art de la mélodie. J’ai toujours eu soin de mettre en miroir ce répertoire et celui de l’opéra : les correspondances sont nombreuses.

Propos recueillis par Solène Souriau • mars 2025

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