Transformer le son en un idéal collectif
Le jeudi 13 novembre 2025
Entretien avec Joana Carneiro, cheffe d’orchestre du concert Mendelssohn, Tchaïkovsky.
Qu’est-ce qui vous attire dans la Symphonie n°5 de Mendelssohn ?
J’aime beaucoup la sonorité de cette œuvre en général, la spiritualité qui s’en dégage, son inspiration puisée dans un hymne. Cette symphonie a une forme particulière qui lui confère un flux et une continuité tout à fait unique.
Comment décririez-vous votre interprétation personnelle de cette œuvre ?
Pour moi, l’essentiel est de tenter de se rapprocher de l’imagination et des inspirations du compositeur. C’est la clé pour interpréter cette œuvre avec sincérité.
Vous êtes très impliquée dans la musique contemporaine. Qu’est-ce qui vous touche chez un compositeur romantique comme Mendelssohn ?
C’est une musique magnifique et, comme toute grande musique, son raffinement et sa pure beauté parlent et résonnent chez tout le monde.
En tant que cheffe d’orchestre, qu’essayez-vous de transmettre aux musiciens… et au public ?
Le temps passé en répétition est très important pour établir une connexion avec l’orchestre, pour créer un son qui, selon nous, traduit l’imagination et la volonté du compositeur. Pour moi, il est essentiel de comprendre quelle sonorité nous cherchons à atteindre ensemble et comment y parvenir. Ensuite, le message de toute œuvre devient clair, pour nous les musiciens, comme pour le public.
Pour vous, un chef d’orchestre est il un guide, un conteur ou un meneur de troupe ?
Peut-être un peu tout cela. Je pense qu’un chef d’orchestre a cette vision d’ensemble, il entend tous les instruments réunis et c’est en ce sens qu’il est un guide : il aide à transformer le son qu’il perçoit en un idéal collectif.

Vous avez dirigé des orchestres dans le monde entier. Qu’est-ce qui a le plus façonné votre approche musicale ?
Je dirais la vie tout simplement : écouter, observer et ressentir les gens et la manière dont la musique se fait un peu partout dans le monde.
Pourriez-vous nous donner votre définition personnelle de la « musique » ?
Je crois que la plus simple est celle que j’ai apprise quand j’étais enfant et qui disait : « l’art d’exprimer des sentiments et de créer des émotions à travers le son ».
Propos recueillis par Vinciane Laumonier • septembre 2025
Le saviez-vous ?
En 1878, Tchaïkovsky écrit à propos du compositeur Édouard Lalo : « Sa Symphonie espagnole a beaucoup de fraîcheur, de légèreté, de rythmes piquants, de mélodies belles et excellemment harmonisées. […] Il pense davantage à la beauté musicale qu’à l’observation des traditions établies, comme le font les Allemands ». Voilà qui décrit également à merveille le Concerto pour violon qu’il s’apprête lui-même à composer !