Les facettes de Ravel

Entretien avec Alexandre Tharaud, pianiste du concert Ravel, Boléro et concertos.

Quelles inspirations trouve-t-on dans le Concerto pour piano en sol majeur ?
Le Concerto en sol de Ravel, construit sur une facture classique, déploie une immense palette de couleurs et réserve de nombreuses surprises. L’influence du jazz y apparaît presque à chaque page, ce qui est assez novateur dans l’histoire des concertos pour piano. Jean Wiéner a été l’un des premiers à intégrer le jazz en composant en 1923 son Concerto franco-américain. C’est un compositeur que j’apprécie particulièrement. Dans ce concerto, le jazz s’intègre de façon extrêmement naturelle. C’est un jazz lointain, imaginé, presque fantasmé. On perçoit aussi l’ombre d’Erik Satie, notamment dans cette longue phrase du deuxième mouvement, d’abord exposée par le piano seul, puis reprise par la flûte et enfin par différents instruments jusqu’à la dernière mesure. C’est une magistrale leçon de gestion du temps et d’orchestration, un procédé que l’on retrouve aussi dans le Boléro, où Ravel nous tient en haleine de la première à la dernière note. 

Quelle facette de Ravel dévoile le Concerto pour la main gauche ?

Il y a beaucoup de Ravels en Ravel. Le Concerto pour la main gauche révèle une facette beaucoup plus sombre et violente du compositeur. C’est un morceau qui commence, comme pour La Valse, dans les tréfonds de la terre avec les contrebasses. On ne sait pas exactement quelle note elles jouent, ça vient de très loin. Pour les pianistes, c’est évidemment l’un des concertos les plus difficiles de l’histoire, mais c’est aussi une œuvre qui sonne profondément.

« Chez Ravel, comme toujours lorsqu’il s’inspire d’une musique extra-européenne ou d’un style autre que la musique classique, cette influence est digérée et réinterprétée dans son propre langage. » Alexandre Tharaud

Quelles sont les difficultés d’un tel concerto ? 
C’est toujours très impressionnant de commencer ce concerto. L’immense introduction orchestrale qui précède l’entrée du piano laisse l’interprète seul avec sa main gauche. Le concerto est construit autour de grandes cadences solos, ce qui permet à l’interprète de ne pas forcer, en s’appuyant sur le pouce de la main gauche, le doigt qui produit le son le plus riche et le plus chaleureux. L’accompagnement des quatre autres doigts est extrêmement virtuose, mais reste toujours très pianistique. Ravel avait à cœur de satisfaire les musiciens.

Est-ce que cela vient du fait qu’il était lui-même pianiste ? 
Oui, tout comme Schubert, Chopin, Liszt et Rachmaninov, Ravel est un compositeur qui écrit pour le piano. Nous, les interprètes pianistes, pouvons comprendre leur morphologie à travers leurs doigtés et la manière dont ils écrivent. Comme un gant, on a l’impression de pénétrer dans leurs doigts, dans leurs gestes, dans leurs épaules. Lorsque l’on interprète Ravel, on entre dans son corps, et Ravel est l’un des compositeurs dont je comprends le mieux le corps.

Propos recueillis par Solène Souriau • mars 2025

Le saviez-vous ?
L’influence du jazz dans la musique de Ravel est évidente dans certains passages du premier mouvement du Concerto en sol majeur (évoquant le blues et le foxtrot) et dans la partie centrale du Concerto pour la main gauche. Mais il ne se doutait sans doute pas qu’il influencerait à son tour le jazz en étant à l’origine d’un standard : sa Pavane pour une infante défunte est en effet devenu « The Lamp is Low », chanté notamment par Doris Day ou Sarah Vaughan.

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